Le cerveau sert avant tout à permettre à l’organisme d’agir dans un environnement afin d’assurer sa survie. Or cet environnement est changeant et nos gestes doivent constamment s’y adapter. Pour apprendre un nouveau geste, on doit le répéter un certain nombre de fois afin de l’encoder dans sa mémoire procédurale. C’est ce qu’on appelle couramment l’entraînement ou la pratique.
Mais il existe une autre façon d’améliorer l’exécution d’un mouvement une fois que la gestuelle générale a été mémorisée : la simple répétition mentale du mouvement. Ce procédé, que l’on nomme « imagerie mentale », est couramment utilisé par les athlètes de haut niveau pour aller chercher les précieuses fractions de secondes au fil d’arrivée. Les skieurs de descente répètent ainsi mentalement tout le trajet de leur course avant d'amorcer leur descente. Ils perçoivent chaque virage, sentent leur corps à chaque bosse et effectuent mentalement les changements de direction appropriés. |
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Une personne qui s’imagine ainsi en train de faire un mouvement active les mêmes représentations cérébrales que celles qui sont liées à la préparation et au contrôle de cette action. Plusieurs expériences nous permettent en effet de penser que lorsqu’on imagine une action et lorsqu’on exécute réellement la même action, les régions cérébrales impliquées sont très similaires.
Ce phénomène de l’action imaginée qui active les mêmes aires cérébrales que l’action exécutée s'étendrait même à l'observation d'une action exécutée par un tiers. Autrement dit, le seul fait d’observer quelqu’un faire un geste augmente dans notre cerveau l’activité des régions que l’on active normalement quand on fait ce geste. La découverte des «neurones miroir» est venue, au milieu des années 1990, fournir une base cellulaire à ce phénomène. Ces neurones s’activent lorsque nous voyons se réaliser la même action que celle dans laquelle ils sont normalement impliqués quand nous faisons nous-même cette action.
Un spectateur qui se concentre en visualisant la gestuelle d'un champion de tennis ou de football a donc une stimulation au niveau cérébral qui correspond parfaitement aux muscles activés par le joueur qu'il est en train de regarder. Cette stimulation lui permettra, lorsqu'il va jouer à son tour, de retrouver plus facilement les mêmes mouvements.
On sait aussi que lorsqu'on s’imagine soi-même réaliser une action, c’est le cortex prémoteur qui est particulièrement actif. Lorsqu'on imagine une tierce personne réaliser cette même action, l’activité de cette région s’accompagne de celle du cortex pariétal de l'hémisphère droit. Cette région est justement reconnue pour jouer un rôle spécifique dans la distinction de soi et de l'autre.
L'attribution de l’origine de l’action à soi-même ou à autrui pourrait ainsi subir des altérations spécifiques qui pourraient contribuer aux troubles de la reconnaissance de soi dans la schizophrénie par exemple. |