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Football. La grande hypocrisie

Du dopage dans le football ? Allons donc ! A en croire ses principaux dirigeants, défenseurs acharnés de la poule aux œufs d'or, le sport roi serait touché par une espèce de grâce qui le rendrait imperméable au dopage, « en raison de sa technicité ». Il en résulte chez ces dirigeants un raisonnement officiel pour le moins spécieux que l'on peut résumer ainsi : puisqu'il n'y a pas de dopage chez nous, ne dépensons pas inutilement de l'argent pour effectuer des contrôles sérieux. De fait, ceux qui sont pratiqués ne révèlent jamais rien. Et c'est ainsi que sous le regard de médias partenaires complaisants, la grande hypocrisie continue, à peine troublée de loin en loin par une « affaire » ou par une parole. Aussitôt étouffée. Aussitôt oubliée. Et perdure le mythe...
La mise en cause notamment du Real Madrid et du FC Barcelone, accusés par le journal Le Monde du 8 décembre dernier d'avoir collaboré avec le médecin-dopeur espagnol Eufemanio Fuentes a fait un peu de bruit. Un peu seulement. Et très vite, la vie autour du foot a repris tranquillement, au rythme des victoires et des défaites. Comme avant, à l'image du discours de Michel d'Hooghe, le président de la commission médicale de la FIFA, dans une interview au Journal du Dimanche, deux jours après la « bombinette » lâchée par Le Monde. « Le football s'y prête moins (au dopage), car la technicité et le sens tactique sont aussi importants que l'engagement physique ».
Maradona, Hidalgo...
Lorsque les dirigeants ont dit cela, ils ont tout dit. Surtout, ils ont justifié la non application par le sport roi du code défini par l'Agence mondiale antidopage, ainsi que l'absence de contrôles sérieux (c'est-à-dire sanguins et non urinaires) lors de la dernière Coupe du monde en Allemagne. Les révélations -contestées- du Monde n'ont pourtant pas été les premières faisant état de pratiques pas seulement individuelles dans le monde du ballon rond. Dès 1958, une étude italienne établissait la consommation massive par les joueurs du Calcio d'amphétamines, d'analeptiques ainsi que d'hormones en tous genres. C'était la préhistoire. Bien avant les deux contrôles positifs de Maradona et le procès de la Juventus de Turin. En France non plus, c'est bien connu, le footballeur ne se dope pas. Ce qui avait permis à toutes les victimes de l'épidémie de nandrolone de l'automne-hiver 97-98 (Guérin, Sibierski, Dugarry, Pouget, Arribagé) d'invoquer les excuses habituelles (« le médicament de ma femme sur la table de nuit... ») et de s'en sortir au mieux avec un vice de forme, au pire avec six mois de suspension ferme. Ce qui est considérablement plus que les Marseillais Germain et Di Meco, qui, lors de la saison 88-89, avaient échappé à un contrôle en quittant le stade à la mi-temps : les joueurs avaient été blanchis en appel, tandis que le club, dont le manager général, Michel Hidalgo, avait essayé de faire avaler à la France entière une histoire d'inversion de numéros, s'en était sorti avec 100.000 francs (15.000 €) d'amende.
Immaculées vaches sacrées
Et puis, il y a les « vaches sacrées ». Lors de la Coupe du monde 1998, la plupart des joueurs de l'équipe de France jouaient en Italie. Un pays dont le procès de la Juventus de Turin entre 2002 et 2005 pour des faits remontant à la période 1994-1998 (époque Deschamps-Zidane) a démontré qu'il s'y pratiquait transfusions sanguines et cures d'EPO. On en a très peu parlé en France. De même, il n'y eut pas beaucoup d'écho dans la presse spécialisée ni chez les grands diffuseurs de football aux propos de Johnny Hallyday, expliquant son éternelle jeunesse par ses cures d'oxygénation sanguine en Suisse, « dans la même clinique que Zizou ». Peut-être faut-il relier ce pesant silence à l'abondance des revenus publicitaires générés encore aujourd'hui par les icônes qui ont marché sur le toit du monde ?


08/07/2007
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