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Toute la vérité sur le cannabis ? n°2

Toute la vérité sur le cannabis

A la demande de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, un rapport de l'Inserm* fait le point sur les effets du cannabis sur le comportement et la santé. Sujet de controverses infinies, ce document dresse le bilan des connaissances en la matière. Objectif affiché, dépassionner les débats en tordant le cou aux idées reçues.

"Je n'ai aucun tabou envers aucune substance. Je veux simplement savoir quels sont les effets du cannabis sur la santé, déterminer ce qui relève de la preuve ou du fantasme". C'est par ces mots que le Ministre de la Santé, Bernard Kouchner, justifiait le 22 novembre sa demande à l'Inserm d'une expertise collective des effets du cannabis sur le comportement et la santé.

Des consommateurs adolescents

Les jeunes en France goûtent au cannabis à partir de l'âge de 15 ans en moyenne, essentiellement sous forme d'herbe, mélange de feuilles, de tiges et de sommités florales, ou de résine, le haschich. S'ils étaient 12 % en 1993 à avoir fumé au moins une fois dans leur vie, ce sont 35 % des jeunes gens de 15-16 ans qui ont essayé en 1999. Et à 19 ans, ils sont plus de 60 % à avoir fumé "expérimentalement" ! Autre chiffre étonnant, un jeune sur 6 a dans les derniers mois fumé 20 joints et plus.

La consommation de cannabis varie selon l'âge (elle diminue à partir de 25 ans) et selon le sexe : les garçons fument davantage que les filles. Enfin, les relations avec les pairs, l'ambiance familiale et les performances scolaires déterminent le niveau de consommation et les addictions associées, tabac, alcool… 5,5 % des jeunes de 15 à 19 ans qui ont expérimenté du cannabis ont aussi consommé une autre substance illicite : cocaïne, héroïne, amphétamines…

Les effets immédiats d'une consommation isolée

Le cannabis a des effets, réversibles, sur le psychisme pendant 2 à 10 heures, une durée qui est fonction de la sensibilité de chacun et de la dose consommée. Il est à l'origine d'une ivresse cannabique, caractérisée par une somnolence, une euphorie et une sensation de bien-être. Cet état s'accompagne d'une incapacité à remplir des tâches complexes, de troubles de la mémoire immédiate…

Puis pour une consommation plus forte, apparaissent des difficultés de langage et de la coordination motrice, parfois des attaques de panique ou des angoisses de dépersonnalisation, voire, exceptionnellement, une psychose cannabique avec des bouffées délirantes. Aucun cas de décès consécutif à la prise isolée de cannabis n'a jamais été rapporté.

Les effets d'une consommation répétée et régulière

Un phénomène de tolérance est observé, ce qui signifie que les consommateurs ont besoin de fumer de plus gros joints pour obtenir l'effet recherché. Et le risque de dépendance au cannabis est élevé, un peu plus de 30 %, dans la tranche d'âge des 15-24 ans qui fument du tabac.

La mémoire à court terme est altérée pour des consommations intensives, toujours de façon réversible. Par ailleurs, le cannabis en lui-même n'est pas cancérigène. Par contre, les goudrons présents dans la fumée d'une cigarette de cannabis y sont en plus grande quantité que dans le tabac et leur concentration en produits cancérigènes est aussi plus élevée. Le cannabis, par l'un de ses principaux cannabinoïdes, serait un facteur de risque pour la survenue de cancers bronchiques et des voies aéro-digestives supérieures (bouche, pharynx, oesophage et larynx).

Dr Brigitte Blond

* Institut national de la Santé et de la Recherche médicale

 



09/07/2007
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